Manque de sécurité : Retour sur l'accident de TOTAL La Mède du 9 novembre 1992
L'accident survenu le 9 novembre 1992 à la raffinerie de TOTAL La Mède, située près de Marseille, est l'un des incidents industriels les plus marquants de l'histoire récente de l'industrie pétrolière en France. Cet événement tragique a mis en lumière les dangers associés aux activités de raffinage de pétrole, ainsi que les conséquences d'un manque de sécurité adéquate dans de telles installations. Ce dernier point était déjà sous-entendu dans notre article « l’ATEX, c’est quoi ? »
Contexte de l'accident
La raffinerie de La Mède, exploitée par Total, est l'une des plus importantes de France, traitant des millions de tonnes de pétrole brut chaque année pour produire des carburants et autres produits pétroliers. Le 9 novembre 1992, un incendie d'une ampleur considérable s'est déclaré sur le site, causant des explosions multiples, des dommages matériels importants et, tragiquement, la mort de six travailleurs, avec de nombreux autres blessés.
Déroulement de l'accident
L'incident a commencé lorsqu'une fuite de naphta — un hydrocarbure liquide hautement inflammable — s'est produite au niveau d'une unité de distillation. Cette fuite, combinée à une source d'allumage non identifiée, a entraîné un incendie qui s'est rapidement propagé à d'autres unités de la raffinerie. Malgré les efforts des équipes d'urgence pour contenir le feu, des explosions successives ont ravagé l'installation, rendant les opérations de secours extrêmement difficiles.
L'incendie a duré plusieurs heures avant d'être maîtrisé, laissant derrière lui un site largement détruit et une communauté industrielle profondément affectée.
Causes de l'accident
L'enquête menée après l'accident a révélé plusieurs facteurs contributifs, liés principalement à des manquements dans les procédures de sécurité et à une gestion inadéquate des risques industriels :
- Défaillance des équipements : La fuite de naphta, à l'origine de l'incendie, a été attribuée à une défaillance matérielle dans les systèmes de tuyauterie de l'unité de distillation.
- Manque de maintenance préventive : L'enquête a montré que des opérations de maintenance cruciales n'avaient pas été réalisées dans les délais ou n'avaient pas été effectuées correctement, augmentant ainsi le risque de défaillances techniques.
- Procédures de sécurité insuffisantes : Les procédures de détection et de gestion des fuites de produits dangereux n'étaient pas suffisamment rigoureuses pour prévenir la formation d'une atmosphère explosive. De plus, les plans d'urgence n'ont pas permis de réagir rapidement et efficacement pour minimiser les conséquences de l'incident.
- Formation du personnel : Une formation inadéquate des opérateurs et du personnel de sécurité a été identifiée, ce qui a contribué à une réponse moins efficace lors de l'urgence.
Conséquences de l'accident
Les conséquences de l'accident de Total La Mède ont été lourdes, tant sur le plan humain que matériel :
- Perte de vies humaines : Six travailleurs ont perdu la vie dans l'incident, et plusieurs autres ont été blessés, certains grièvement. Cet événement a eu un impact durable sur les familles des victimes et sur l'ensemble des employés de la raffinerie.
- Dommages matériels : Les dégâts causés par les incendies et les explosions ont nécessité des réparations majeures et une reconstruction partielle des installations. La raffinerie a dû suspendre ses activités pendant plusieurs mois.
- Impact sur l'image de Total : L'accident a gravement terni l'image de Total, soulevant des questions sur les pratiques de sécurité de la compagnie et sur la régulation de l'industrie pétrolière en général.
Leçons apprises et réformes
L'accident de La Mède a été un point de bascule pour les pratiques de sécurité industrielle en France et en Europe. À la suite de cet événement, plusieurs mesures ont été prises :
- Renforcement des réglementations : Les autorités ont introduit des réglementations plus strictes pour la gestion des risques industriels, obligeant les entreprises à renforcer leurs pratiques de maintenance et à mettre en œuvre des systèmes de sécurité plus rigoureux.
- Amélioration des procédures d'urgence : Les plans d'urgence ont été révisés pour garantir une réponse plus rapide et plus coordonnée en cas d'incident similaire. Des exercices réguliers ont été imposés pour s'assurer que les équipes sont préparées à réagir efficacement.
Formation et sensibilisation : Une plus grande attention a été accordée à la formation du personnel, non seulement en matière de sécurité, mais aussi pour la sensibilisation aux risques spécifiques liés aux atmosphères explosives et aux produits chimiques dangereux.
Conclusion
L'accident de Total La Mède du 9 novembre 1992 reste un rappel tragique des dangers inhérents aux opérations industrielles complexes. Il illustre l'importance cruciale d'une gestion rigoureuse de la sécurité et de la prévention des risques dans les industries à haut risque. Les leçons tirées de cet événement ont conduit à des améliorations significatives dans la réglementation et les pratiques de sécurité, visant à prévenir de tels drames à l'avenir.
Malgré cette catastrophe, en 2001, une autre catastrophe industrielle est intervenue : l’explosion du site AZF. Bien que l'explosion de l'usine ait été principalement attribuée à une réaction chimique incontrôlée, cet incident a mis en lumière, une fois de plus, l'importance de la gestion des risques ATEX dans les environnements industriels.
Car le terme ATEX, comme vu dans des articles précédents, est utilisé pour désigner les atmosphères explosives, qui peuvent se former dans les environnements où des substances inflammables (gaz, vapeurs, brouillards, poussières) sont présentes. Les explosions ATEX peuvent se produire si trois conditions sont réunies :
- Une substance inflammable (comme le nitrate d'ammonium dans le cas d'AZF).
- Une source d'inflammation (comme une étincelle ou une élévation de température).
- De l'oxygène (présent dans l'air ambiant).
Par rapport à des études de dangers, notre société à la capacité de vous accompagner sur la mesure des risques industriels liés à des atmosphères explosives.